À propos de “Natural Generativity and Imitation” (Crispin Sartwell)

Mercredi 18 septembre 2024 reprenait le séminaire de Philosophie de la Littérature et de l’Art (PhiLiA). Dix personnes étaient présentes en salle SH126 de la MRSH, auxquelles s’ajoutaient les participants à la webconférence, en particulier plusieurs membres de la Société Française d’Esthétique.

Pour l’année universitaire 2024-2025, une ligne directrice a été donnée par les organisateurs de PhiLiA : l’effet de réel en art. Il était donc normal que la première séance de l’année soit consacrée à l’imitation. Reprenant une interrogation structurelle de son travail depuis de nombreuses années, et faisant le lien avec plusieurs séances antérieures de PhiLiA (en particulier sur Walton et Lopes), Claudio Veloso (spécialiste de la Poétique d’Aristote), après avoir critiqué le conventionnalisme de Goodman dans « Les arguments anti-ressemblistes de Nelson Goodman au premier chapitre de Langages de l’art : une réfutation point par point », proposa une défense positive de la thèse « ressembliste » : la ressemblance, comprise comme une communauté de traits, est une condition nécessaire quoi que non suffisante pour expliquer l’imitation. Il exposa et discuta plus particulièrement les thèses dites de la générativité naturelle (Schier et Sartwell), tout en soulignant que ces auteurs prêtent encore trop au conventionnalisme goodmanien. Claudio Veloso rendit cependant hommage à l’argumentation de Sartwell, injustement mise au second plan par rapport à La Naturalité des images de Flint Schier.

La discussion porta principalement sur les cas hybrides d’imitation (par exemple l’imitation cubiste, à laquelle Gombrich ou Lopes accordent une grande importance), où le décodage d’une convention semble nécessaire, et résister à l’idée d’une générativité complète. L’exemple d’Un souvenir de Leonard de Vinci fut également discuté, car il semble donner des arguments en faveur de la thèse de Flint Schier dans La Naturalité des images. Une autre question porta sur la subjectivité apparemment arbitraire de certaines paréidolies. Plusieurs remarques portèrent sur la possibilité d’exporter le ressemblisme en dehors du visuel : selon Claudio Veloso, un ressemblisme sonore ne pose pas de difficulté. Un ressemblisme tactile, gustatif ou olfactif, par contre, est plus difficile, à la fois pour des raisons neurologiques et éthiques.

Maud Pouradier
Identité et subjectivité

Crédit image : Lifeless Face, Nottsexminer, Wikimedia Commons, licence CC by SA 2.0